Changement climatique : Pourquoi il ne faut pas se décourager malgré le retour de Trump au pouvoir.

Le Forum Durabilité du Canton de Vaud qui s’est tenu le 27 février dernier nous a donné l’occasion d’entendre un orateur remarquable, François Genenne, politologue et chercheur belge.

Professeur et directeur du Master in Sustainability and Social Innovation de HEC Paris et chercheur à l’université de Liège (sa ville natale), François Genenne est aussi co-auteur du 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Dans son exposé, il a commencé par préciser où nous en sommes aujourd’hui en matière de réchauffement climatique : les dernières projections prévoient une élévation de la température de 3,1° en 2100 et de 2,7° si tous les gouvernements appliquaient leurs engagements pris à Paris le 12 décembre 2015 lors de la COP 21. C’est très loin de l’objectif de 2° maximum, mais mieux que la projection de 4° si l’on ne faisait rien au moment de l’Accord de Paris.

Le conférencier a ensuite expliqué trois malentendus très répandus relatifs à la question climatique :

  1. Le terme de crise climatique peut faire penser à tort qu’il s’agit d’une situation temporaire. Or, il n’y a pas de retour en arrière possible. Il est donc essentiel de répondre à ce défi par des mesures de long terme. La politique mise en place par l’administration Trump (Drill, Baby, Drill !) va plomber l’économie américaine à long terme.
  2. Le problème du climat est graduel et non binaire. On ne peut donc pas gagner ou perdre. Chaque dixième de degré en moins peut faire de grandes différences, d’où l’importance de chaque initiative en faveur du climat pour minimiser les risques d’événements extrêmes.
  3. Il s’agit d’un problème de stock et non de flux. La concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère va continuer à augmenter, la durée de vie du CO2 se mesurant en centaines d’années. Même si l’objectif de neutralité carbone est atteint en 2050, les températures vont continuer à augmenter pendant tout ce temps. Cela risque de donner l’impression aux populations que nos efforts sont vains. Comment faire comprendre le besoin d’agir vite pour des résultats à très long terme ?

Dans sa conclusion, François Genenne affirme que ce sont les entreprises qui ont la possibilité de réaliser la transition et que celle-ci doit être présentée comme un projet collectif. Il faut considérer la durabilité comme le pilier de la croissance qui doit devenir qualitative plus que quantitative. De ce point de vue, le PIB, qui ne prend en compte que des éléments quantitatifs, n’est pas un instrument adéquat.

La prédominance du court terme dans l’économie de marché est aussi un vrai handicap pour réaliser les investissements de long terme nécessaires.

La lutte contre la déforestation et des programmes de reboisement massif sont cruciaux pour la transition. Espérons que la COP 30, qui aura lieu à Belém (Brésil) en novembre de cette année, marquera une avancée dans ce domaine !

J’ai personnellement beaucoup apprécié cette conférence qui m’a redonné quelque espoir malgré les mauvaises nouvelles qui s’accumulent depuis quelques années et qui peuvent nous pousser au pessimisme et à croire que tous nos efforts en faveur du bien-être de l’humanité sont vains.

Si le chemin vers un avenir meilleur est encore long et rempli d’obstacles, il n’est pas complètement bouché pour autant, et notre rôle de pédagogue est d’encourager nos étudiants à contribuer dans la mesure de leurs moyens à créer un monde meilleur pour l’humanité et pour les générations futures et à leur transmettre les outils pour y parvenir.

Philippe Du PasquierMembre du Conseil d'Administration