Crédits photo : John Severns (Severnjc), Public domain, via Wikimedia Commons
Nous ne sommes pas condamnés à choisir entre bonheur et écologie
C’est le 22 juin 2024 qu’un article intitulé « Nous ne sommes pas condamnés à choisir entre bonheur et écologie » et publié dans Le Temps a attiré mon attention. Rédigé par Pascaline Minet, cet article consiste en un résumé du livre récemment publié par Gaël Brulé : « Le coût environnemental du bonheur » et une interview de son auteur.
Dans cet ouvrage, l’auteur, sociologue, professeur à la Haute Ecole de Santé de Genève, explique qu’il existe différentes façons de mesurer le niveau de bonheur d’une population.
Le World Happiness Report, publié chaque année par l’institut de sondage Gallup, utilise l’échelle de Cantril qui consiste en la question suivante : Sur une échelle de 0 (la pire vie possible) à 10 (la meilleure vie possible), où vous situez-vous ?
Selon cette échelle, où la Suisse occupe la 9e place et la Finlande la première, « les pays qui y obtiennent les meilleures notes ont tendance à être petits, riches, protestants, démocratiques et dotés d’un Etat providence fort ».
Or, ces pays ont un mode de vie qui dépasse largement les limites de la planète en ce qui concerne le respect du climat (émissions de CO2) et l’utilisation des ressources (eau, sol, etc.). Si tous les habitants de la Terre vivaient comme les Suisses, il nous faudrait 2,8 Terres.
La crise environnementale actuelle doit nous amener à remettre en question cette forme de bonheur. Selon Gaël Brulé, cette méthode de mesure a l’avantage d’offrir des résultats stables et comparables, mais évalue une forme de contentement plutôt que le bonheur.
D’autres méthodes où l’on demande aux personnes si elles se sentent heureuses, si elles éprouvent des émotions positives dans leur vie quotidienne, débouchent sur des résultats très différents. « Ce sont plutôt des pays au niveau de revenu moyen qui s’y distinguent, en particulier des Etats d’Amérique centrale et du Sud, comme le Costa Rica, le Panama et le Salvador, ou d’Asie centrale, comme l’’Ouzbékistan ».
Même s’il avoue qu’on ne connaît pas exactement les causes du bon classement des pays latino-américains, Gaël Brulé pense que la qualité des rapports humains, l’importance de la religion et un fort lien avec la nature pourraient expliquer cela. Or, tous ces éléments ne sont pas liés à la consommation de biens matériels.
La lecture de cet article m’a rappelé un livre qui m’avait beaucoup frappé il y a quelques années quand je l’ai lu. Il s’agit du livre de Richard Wilkinson et Kate Pickett intitulé « The Spirit Level, Why Equality is Better for Everyone ».
Dans cet ouvrage visionnaire, les auteurs ne recourent pas à des questionnaires pour évaluer le bonheur des populations. Ils mettent en relation le PIB (Produit Intérieur Brut), mesure classique de la richesse des nations, avec de nombreuses données statistiques comme l’espérance de vie, l’usage de drogues, le taux de grossesses précoces, le taux d’homicides, celui d’incarcérations, etc. Ces données consolidées reflétant la qualité de vie d’un pays.
Les pays qui s’en sortent le mieux sont des pays plutôt riches et relativement égalitaires comme les pays scandinaves ou le Japon, tandis que le résultat des Etats-Unis est assez mauvais en raison des grandes inégalités qui y règnent (inégalités brillamment analysées par Robert B. Reich dans son livre : « Saving Capitalism, For the Many, Not the Few »).
Les conclusions qu’ils tirent de leurs analyses sont les suivantes, et elles recoupent largement celles de Gaël Brulé, où, rappelons-le, les pays qui s’en tirent le mieux ont des niveaux de revenu moyens :
- Dans les pays dont le PIB est bas, l’amélioration des conditions de vie va de pair avec l’élévation des revenus.
- A partir du moment où les gens vivent décemment, c’est le caractère plus ou moins égalitaire des sociétés qui a le plus fort impact sur la qualité de vie.
Tout cela devrait nous inciter à faire preuve de sobriété et à cultiver nos relations sociales !
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